Les korrigans

Publié le 16/11/2019 à 21:45 par wiccanlife Tags : image sur prix blog mer plat saint photo belle article place mort nuit soi livre maison
Les korrigans.
Les korrigans sont des nains bretons vivant exclusivement dans le Finistère et les Côtes d'Armor. Leur nom dérive du breton korr ou korig, "nain", qui se retrouve dans certains patronyme courants, tels que Le Corre, qui signifie "le nain".
Sombres et velus, ils sont dotées d'une grosse tête à la tignasse crépue sur laquelle poussent deux petites cornes, et vêtus de toile grise. Leurs petits yeux noirs et brillants, parfois rouges, sont profondément enfoncés dans leurs orbites. Leurs mains se prolongent en griffes de chats et leurs pieds sont recouverts de corne de bouc. leur voix est caverneuse, comme si elle surgissait du tréfonds de la terre. Les Korrigans mâles sont coiffés d'un grand chapeau plat agrémenté d'un ruban de velours, tandis que les korriganed femelles portent un bonnet violet. Ils ont à la ceinture une petite corne dans laquelle ils soufflent, une bourse en cuir remplie d'or, ainsi qu'un étrange sac, aux dires de Corentin Tranois, proviseur du lycée de Saint-Brieuc : "Vous saurez que les cornicanets ont de petits sacs en toile, semblables à un des côtés de la besace, mais un peu plus longs : ces sacs renferment des crins, des poils, et une paire de ciseaux. je ne sais pas ce qu'il peuvent faire de ce petit bagage, mais ils ne le quittent jamais que pour se mettre en danse." En réalité, ces crins et ces poils se métamorphosent en rivières de pierres et en joyaux de grand prix. C'est pourquoi les korrigans veillent sur ces sacs de toile comme sur la prunelle de leurs yeux.



Les maisons des korrigans.


Les korrigans vivent dans les rochers, sous les menhirs ou à l'intérieur des dolmens, que l'on nomme en Basse-Bretagne tycorriked, "maison des nains", ou loch-corriganed, "loge des naines", qu'ils balayent chaque jour avec grand soin. Paul Sébillot dit qu'en Basse-Bretagne "le royaume des kourils s'étendait sous terre, plus bas que la mer est les rivières, et que l'intérieur du globe renfermait un peuple de cornadons.
Dotés, malgré leur petite taille, d'une force herculéenne et de pouvoirs magiques, les korrigans ont, paraît-il, introduit les dolmens en Bretagne en les portant sur le dos. Magiciens, ils sont pourvus du don de prophétie et savent découvrir les trésors enfouis sous la terre. Bien que d'aspect rébarbatif et généralement fort susceptibles, ils peuvent accomplir des services domestiques, si l'on prend soin de leur laisser de menues offrandes dans la maison ou une pierre plate au coin de l'âtre pour qu'ils puissent se chauffer. Sinon, ils accomplissent mille tours pendables, comme détacher le bétail la nuit, coudre les dormeurs dans leur draps ou voler les nourrissons au berceau pour les remplacer par leur vilaine progéniture, semblable au changelings.


Les clans de korrigans.

Emile Souvestre distingue différents clans de korrigans : "Ceux qui habitaient les bois s'appelaient kornikaneds, parce qu'ils chantaient dans de petites cornes qu'ils portaient suspendues à leur ceinture ; ceux qui habitaient les landes s'appelaient korrils, parce qu'ils passaient toutes les nuits à danser des rondes au clair de lune, et ceux qui habitaient les vaux s'appelaient poulpikans, c'est-à-dire "ceux qui ont leurs terriers dans les lieux bas."


Incorrigibles korrils.

Les korrils qui hantent les landes passent leurs nuits entières à danser en rond autour des menhirs et autres pierres levées. Les malheureux qu'ils entraînent dans leur ronde sont obligés de danser jusqu'à l'épuisement et parfois la mort. A moins, comme le suggère le conte des Deux bossus, qu'il ne leur dévoilent la suite de la chanson des jours de la semaine, dont il ne connaissent que le début (Lundi, mardi, mercredi...), auquel cas ils les récompensent en leur offrant le choix entre la beauté et la richesse.
René-François Le Men ne retient que les périls de cette dans nocturne : "Un des grands divertissement des nains est de danser la nuit au clair de lune, autour d'un grand feu. C'est dans les landes désertes qu'on les voit se livre avec une sorte de frénésie à cet exercice, en chantant les premières paroles d'un couplet qu'ils n'achèvent jamais eux-même. Il semble, au reste, qu'il y ait dans ces paroles plus de rimes que de raison, car elles consistent uniquement dans l'énumération des premiers jours de la semaine. Les voici telles qu'ils les chantent :
"Dissul,
"Dilun,
"Dimeurs ba dimerc'ber,
"Diriaou ba dirguener.


"Dimanche,
"Lundi,
"Mardi et mercredi,
"Jeudi et vendredi.

"Si, pendant qu'ils dansent ainsi, un passant attardé a la mauvaise fortune de traverser la lande où ils font leurs ébats, ils l'appellent par son nom, et s'il a l'imprudence de répondre, il est entrainé dans le tourbillon de leur ronde, jusqu'à ce que, épuisé de fatigue, il tombe mourant sur le sol."
Jacques Cambry, procureur de Lorient et président de l'Acadéime celtique, recueillit à la fin du 18ième siècle un témoignage au sujet de ces sombres korrils. "Dans mer recherches à Tresmalaouen, au moment où j'examinais des ruines curieuses, je vis un pâtre assis : je l'interrogeai sur les idées qu'on avait dans le pays de cet antique monument, il me répéta ce qu'on m'en avait déjà dit. C'était le palais des Courils ou petits hommes, espèce de sorciers malins, corrompus ey danseurs. On les rencontre au clair de lune, sautant autour des pierres consacrées ou des monuments druidiques ; s'ils vous saisissent par la main, il faut suivre leurs mouvements, ils vous laissent exténués sur la place quand ils la quittent."
Les korandons mènent leurs danses près de la grotte qui porte leur nom, dans l'anse de Portsmoguer, en Basse-Bretagne. En guise de jambes ils ont des pattes de chèvres aux sabots de fer. "Ils exécutent, la nuit, des galet remués par les vagues est attribué au piétinement de leurs pied de fer."
Ismaël Mérindol signale des pratiques voisines en Provence au 16ième siècle. Il ne s'agissait pas de korrils, que ne se trouvent qu'en Bretagne, mais de chats sorciers -on se souvient que les mains des korrigans sont pourvues de griffes de chat, ce qui semble indiquer une filiation entre les korrigans et la gent féline. L'auteur du Traité de Faërie décrit l'une de ces rondes de chats sorciers, telle qu'il eut l'occasion de la voir de ses yeux, en ses jeunes années : "Chats en rond dansaient aux rayons de la lune, dressés sur leurs pattes arrière, se tenant par les pattes avant, miaulant comme des possédés. Leurs yeux lançaient des éclats rouge vif, preuve, s'il en fallait, que le démon menait la danse. Je me couchait à terre, le nez dans les lavandes, et observai de loin ces chatteries chorégraphiques. Mais j'eus soin de ne point m'en mêler davantage, car les chats ne m'auraient pas laissé repartir vivant. Je n'avais que huit ans, mais je savais déjà reconnaître les frontières de Faërie à ne pas dépasser."


Comment s'en débarrasser.

Pour éviter les pièges tendus par le redoutables korrils, il est conseillé de porter sur soi des objet religieux, tels que croix, crucifix, chapelet, missel, rosaire, médaille sainte ou flacon d'eau bénite, ou bien quelques feuilles de verveine ou, comme l'affirme Emile Souvestre, une petite fourche à nettoyer la charrue. René-François Le Men préconise également la méthode consistant, pour le danseur involontaire, à "placer ses sabots en entrant dans la ronde de telle façon qu'après le premier tour de danse il puisse y mettre à la fois ses deux pieds."
On peut aussi "planter un bâton en terre, à l'endroit où l'on commence à danser, et le saisir de la main, en finissant le premier tour."


Dégoûtants poulpikans.

Les poulpikans, ou poulpiquets, de même que les teuz, sont une variété de korrigans qui "fouillents" (pikan) les "lieux bas" (poul). On les trouve dans les mares, les bourbiers, les marécages et même les latrines. Ils jouent de mauvais tours aux humains, par exemple en faisant retentir une clochette imaginaire pour tromper les bergers qui cherchent leurs chèvres égarées. Le teuz ar pouliet, "l'espiègle de la mare", a l'apparence d'un petit nain vêtu de vert et portant de belle guêtres, qui peut à volonté se rendre invisible ou adopter toutes les formes possibles.